Randonnée dans le Denali

Le Parc National du Denali est le parc le plus visité d'Alaska. Il abrite le sommet de l'Amérique du Nord, le Denali ou Mont McKinley (6168m). Il s'étend sur une superficie égale à quatre départements français.

Située au centre de l'Alaska (un peu au sud), la chaîne de montagnes s'étend globalement d'ouest en est (on parle de l'Alaska Range) et on peut découper le parc en trois zones bien distinctes :

- La partie ouest, occupée par les hauts sommets, parcourue de glaciers, et globalement à une altitude de plus de 3000m.

- La partie est, en-dessous de 3000m reste très alpine avec son lot de glaciers. C'est la partie privilégiée de la randonnée.

- Les zones périphériques sont assez plates, ce qui donne une impression de grandeur des montagnes qu'on ne connait pas en France, où les montagnes s'élèvent nettement plus progressivement.

Carte du parc.

La faune est extrêmement riche dans le Denali : caribous, élans, grizzlys, ours noirs, loups... Nous en verrons une large part.

Enfin, le parc ne comporte aucun sentier, tout y est à l'état de "Wilderness".

Nous consacrerons notre randonnée à la zone est, à la limite des grands glaciers.
Départ le vendredi 3 juillet.

Pour en savoir plus sur le parc :

https://en.wikipedia.org/wiki/Denali_National_Park_and_Preserve

Jour 1 :

Après le folklore administratif de l'entrée du parc (un peu désagréable même si les rangers sont forts sympathiques), nous prenons le bus qui longe pendant plus de 3 heures l'immense et magnifique vallée au nord de la chaîne. Il nous déposera à 100km de l'entrée du parc, vers 16h.

Le bus vintage du parc.

Quelques 25kg chacun au départ, pour 9 jours...

Cette première journée est consacrée à la traversée du Muldrow Glacier, le premier glacier "noir" auquel nous aurons affaire. S'écoulant jusqu'à faible altitude (1000m environ), les parties basses des nombreux glaciers du Denali ont fortement reculé récemment, la glace blanche cédant le pas, partiellement ou totalement, à de la moraine noire (https://fr.wikipedia.org/wiki/Moraine).

Lac au milieu du glacier. On voit bien la moraine qui recouvre la glace.

De véritables montagnes russes à traverser.

Saut de rivière !... Ca fait rire comme ça mais le passage n'était pas si facile à détecter.
Camille a l'oeil, il voit le Denali d'Anchorage et les passages de rivière à 20km.

Après 6h de marche pour 3km de traversée du glacier, nous posons la tente vers 23h, sur une prairie sublime, le Mont Denali rayonnant au loin de ses couleurs de minuit.

Les collines puis le Mont Denali, dans une perfection de couleurs.

Mont Denali, il est minuit exactement.

Bivouac de rêve.

Jour 2 :

La météo semble être avec nous pour quelques jours, nous laissons donc la tente et partons avec un sac léger pour un sommet sans nom sur la carte, qui promet de belles vues sur les environs.

En haut d'une vallée glaciaire, vers 1500m. Le sommet visé est au fond, caché par la crête de droite.

Nous emprunterons la pente de neige que l'on voit sur la photo précédente (la plus large) afin d'accéder à la crête.

Montée sur la crête. Aucun regel ici (il n'y a pas de nuit). La neige est chaude à souhait... On s'enfonce bien.

Thibault sur la crête.

Camille sur la crête.

On n'est pas tombé, c'est juste qu'on n'est plus dans le cadre. Le Muldrow Glacier et ses beaux sommets.

Jour 3 :

La plus belle journée.

Sous une lumière exceptionnelle, nous traversons à nouveau le Muldrow Glacier, plus au sud, sur une partie en glace blanche cette fois-ci (choisie par nos soins pour moins en baver que le premier jour...).

Nous allons dans la vallée d'en face.

Sur le glacier. Vers l'avant.

Vers l'arrière.

Sur le côté. Tout est parfait, partout.

Rivière glaciaire.

Vers la sortie du glacier.

Belle surprise quelques temps après la sortie du glacier, pendant le ravitaillement en eau sur un petit lac : nous croisons un grizzly que Camille voulait étonnamment poursuivre avec sa petite bonbonne de poivre. Nous sommes un peu proches (30m...), mais c'est le jeu de la rencontre.

Le grizzly.

Le grizzly, vers notre petit lac.

Il faut bien savoir qu'il n'y a quasiment jamais d'attaque d'ours (hors ours polaires) contre les hommes. Comme tous les animaux de la montagne, ceux-ci se contentent de nous regarder, un peu curieux, puis continuent leur chemin, tranquilles, paisibles, à peine dérangés.

Une petite heure plus tard, nous croisons quatre caribous, épanouis eux aussi dans leur environnement naturel.

Caribous.

Caribous.

Il y a aussi des marmottes. Ca nous rappelle la maison.

Marmotte curieuse.

Après 7 heures de marche, nous atteignons le camp du soir, sous un ciel limpide.

Lumière du soir.

Vers 23h. Le soleil passe derrière les montagnes.

Jour 4 :

Il fait toujours un beau soleil, mais le vent a très nettement forci, nous faisant passer une nuit assez agité (ainsi qu'à la tente). Nous renonçons au sommet initialement prévu pour simplement passer le Anderson Pass, 400m au-dessus de nous.

Traversée de rivière, classique en Alaska. Notre lot de tous les jours !

Le col en vue.

Du col (1700m).

Toujours du col, dans le rétro... Le Muldrow Glacier et les hauts sommets.

C'était le sommet initialement prévu. Trop de vent. Ce sera (peut-être) pour la prochaine fois.

Jour 5 :

Ce secteur à l'est du Anderson Pass semble être un bon endroit pour explorer la montagne car il regorge de vallées et de sommets. Mais ce n'est pas l'objet de cette randonnée et le temps est maintenant moins bon. Nous continuons notre petit bonhomme de chemin, par un large col glaciaire suivi d'une très longue descente de vallée.

Camille arrive au col (1700m) avant moi mais je ne m'inquiète pas, il y aura de la place pour deux.

Descente du col, tranquille.

De multiples glaciers "tombent" dans la vallée.

Pour le campement du soir, retour dans l'herbe, à 1000m. 

On voit sur la photo ci-dessous les boîtes que nous utilisons pour protéger notre nourriture des ours. Utilisation obligatoire dans tout le nord de l'Amérique.

Camille et les boites à ours.

Jour 6 :

Journée un peu identique à la précédente (mais non glaciaire), où l'on remonte une très longue vallée jusqu'au Easy Pass (le nom veut tout dire : 200m de dénivelé sur 8km...).

Puis descente dans une autre très longue et large vallée.

Le temps est toujours très couvert mais suffit largement pour ces fonds de vallée faciles.

Easy Pass. C'est le même col que la veille sauf qu'il est vert. Il y a aussi de la place pour deux.

Jour 7 :

Nous partons vers 11h, un peu comme tous les jours... De toutes façons, on arrive toujours avant la nuit en Alaska. Pour une rencontre avec un ours au bout de 10 minutes de marche ; heureusement qu'il avait petit-déjeuné.

L'ours n°2.

Nous traversons ensuite l'Alaska Range par un col nettement plus raide que les jours précédents, qui nous amène au pied du Mont Pendleton. Nous ne le gravirons pas, faute de créneau météo (et de rocher particulièrement friable dans le secteur).

Nous sommes repassés du côté nord de la chaîne.

Le Mont Pendleton, vu du col.

Camille sur l'arrête qui surplombe le col.

Moi, sur cette même arrête.

Descente du glacier.

Campement au pied du glacier.

Jour 8 :

C'est notre dernière vraie journée de marche avec un col, une arrête tranquille et un sommet pour le plaisir, loin des glaciers (sommet à 2050m). Le col ressemble beaucoup à celui de la veille, il faut aimer les éboulis en pente (très) raide...

Dans la montée vets le col... Ca commence tout juste à s'incliner.

Camille attaque le dernier ressaut avant le col.

Sur la petite crête. C'est un peu gris aujourd'hui.

Descente dans la vallée principale. Au fond, la route.

Derrière nous, les montagnes s'éloignent (mais pas l'averse !)

Et bim, l'ours n°3 qui surgit !

Il pleut ce soir, la seule vraie pluie que nous aurons eu pendant ces 9 journées.

 Jour 9 :

Une heure pour rallier la route puis le bus qui nous ramène à l'entrée du parc. 
En chemin, nous voyons des élans, et un loup.

Elan.

Nous aurons pendant ces neuf journées croisé deux personnes, trois ours, une dizaine de caribous, quatre élans, un loup, traversé cinq cols, gravi deux sommets.
Après la semaine passée sous la tente dans le Kenai, cela fait le plus grand bien de retrouver la grande nature alaskienne à son meilleur, dans un cadre tel que celui du Denali !

Camille est maintenant rentré à Lyon tandis que je pars pour Fairbanks, au nord, retrouver les belles montagnes déjà visitées il y a deux ans. Ce sera l'objet d'un prochain article.

Camille, bon retour et merci pour ces bons moments partagés ensemble !

La deuxième partie du périple en Alaska va pouvoir commencer.