Nous sommes début décembre et le temps est encore assez chaud, je décide donc, pour terminer cette saison de haute randonnée, d'aller parcourir le très classique tour des Annapurnas. En mode rapide, après deux premières randonnées menées à un rythme plutôt tranquille.
La chaîne des Annapurnas est une immense arrête glaciaire qui s'étend d'est en ouest, au nord de Pokhara. Elle comporte de nombreux sommets de plus de 7000m, ainsi que l'Annapurna I, qui culmine à 8089m.
Au cours de cette randonnée, pourtant très courue, je ne rencontrerai que très peu de touristes, souvent moins de 5 par jour. La faute sans doute, encore une fois, au tremblement de terre d'avril (pourtant sans impact ici), et à un départ tardif (début décembre). Un vrai plaisir !
Extraits.
Jé débute la randonnée au nord de la chaine, dans la vallée de Manang, au village de Koto, à 3000m d'altitude.
Dès le premier jour, d'un belvédère au-dessus de Pisang, j'aperçois le sommet du Manaslu, 8156m, juste à l'est du massif des Annapurnas.
Upper Pisang et le Manaslu. |
La surperbe face, mi-enneigée, de la Swargadwari Danda.
Swargadwari Danda |
Les villages des Annapurnas se révèlent beaucoup plus intéressants que je ne le pensais en partant. Tous, en vieilles pierres, ont fière allure au pied de leur grande montagne. Ici, Ghyaru, 3670m, sous L'Annapurna II (7937m).
Ghyaru |
Ce même Ghyaru, sur fond de Manaslu.
Ghyaru |
Ombres et lumière sur la Swargadwari Danda.
Swargadwari Danda |
De Nawal, 3660m, où je fais étape, je monte à la journée au Kang La, col à 5306m, face à la chaîne des Annapurnas.
Belle vue sur Annapurna II (7937m), Annapurna IV (7525m), et Tilicho Peak (7134m) tout au fond.
De l'autre côté du col, on peut contempler la haute vallée de Naar, avec ses petits glaciers.
Le ciel se couvre, pas de chance... Ce sera ma journée de mauvais temps de l'automne. Quand même pas jusqu'à la pluie.
Temps himalayen exécrable. |
Ouf, le lendemain, le temps est redevenu normal.
Ici Nawal.
Juste avant d'arriver à Manang, un beau panorama de la vallée.
Vallée vers Manang |
Le glacier du Ganggapurna, vu du dessus de Manang |
La bourgade de Manang, 3540m, capitale de cette vallée nord des Annapurnas.
Manang, comme un western. |
Entre Manang et la lodge du lac du Tilicho, je traverse le beau village de Khangsar, 3734m.
Khangsar |
A cette lodge du Tilicho, je retrouve Stéphane et Charline, de l'Alpe d'Huez, que nous avions déjà croisé avec Mathilde dans le Khumbu.
Nous passerons quelques très bonnes journées ensemble à la fin de la randonnée, parlant tout autant de nos Alpes favorites que des paysages himalayens. Ils partent 9 mois en Amérique du Sud pour une escapade vélo-alpinisme. Bon vent à vous !!
Stéphane et Charline |
Le lendemain est consacré à la montée à l'immense lac du Tilicho, 4920m. Traditionnellement, je grimpe ensuite un petit sommet sans nom (5367m) pour avoir une vue plus aérienne.
Du sommet sans nom. Manaslu, Annapurnas et vallée de Manang au programme |
Le lac Tilicho depuis le petit sommet |
Il est l'heure de redescendre, aspiré par le Manaslu.
Manaslu |
On ne dirait pas, mais j'enchaine des journées de 8 à 10 heures, avalant par jour 2 ou 3 étapes du découpage classique du Tour des Annapurnas. A ma décharge, ce timing est conçu pour des groupes de touristes japonais non acclimatés ;-).
Je prend donc 1 jour de RTT à Manang durant lequel je grimpouille au monastère 300m au-dessus de la ville. Pour vous présenter toute la famille des Annapurnas, vue du nord. De gauche à droite :
- Annapurna II, 7937m
- Annapurna IV, 7525m
- Annapurna III, 7555m
- Ganggapurna, 7454m
Je me demande même si on ne voit pas l'Annapurna I (8089m) tout au fond à droite... Mais celui-là (malgré toute ma bonne volonté), je ne le verrai jamais mieux. Ce sommet est très enclavé au fond de profondes vallées, elles-mêmes protégées par des parois de quasiment 8000m. Qui plus est, il est assez peu proéminent par rapport au reste de sa crête. Pour le voir parfaitement, il faut aller à l'un des camps de base, nord ou sud, ce que je ne ferrai pas.
Pour la petite histoire, cet Annapurna I est le premier sommet de plus de 8000m gravi, par les français Maurice Herzog et Louis Lachenal, en 1950. L'ascension fut dantesque, les deux alpinistes redescendant de manière quasi miraculeuse, Maurice Herzog perdant au passage plusieurs doigts et orteils, gelés. Elle suscite toujours d'intenses polémiques.
Il est aussi paradoxal que cet Annapurna fut le premier sommet de 8000m gravi, car son ascension est la plus difficile et la plus dangereuse de toutes, moins de 200 personnes l'ayant réussie à ce jour.
La famille Annapurna (sauf peut-être le père) |
Allez,... direction le Thorung La, à 5416m, LE col de la randonnée. J'ai envie de challenges, alors je l'attaque depuis Manang, quasiment 2000m plus bas.
La famille Annapurna, matinale |
De l'autre côté, les petits cousins éloignés de la famille Annapurna. |
Et toujours la tétralogie Annapurna II, Annapurna IV, Annapurna III, Ganggapurna, qui m'accompagne, de toutes les couleurs.
Annapurna II, Annapurna IV, Annapurna III, Ganggapurna |
Annapurna II, Annapurna IV, Annapurna III, Ganggapurna |
Annapurna II, Annapurna IV, Annapurna III, Ganggapurna |
L'ascension du Thorung La débute, les Annapurnas s'éloignent.
Les glaciers des monts Chulu |
Je ne croise que 3 personnes lors de cette ascension, et moins de 20 sur l'ensemble de la journée. Randonner en décembre, c'est du bonheur !
Bientôt le Thorung La, on frôle les 5500m |
Mont Chulu (6584m) |
J'arrive finalement tranquillement à Muktinath, de l'autre côté du col, à 15h, 9h après être parti de Manang.
La traversée du Thorung La m'amène dans la vallée de Kali Gandaki, dominée de toutes parts par le Dhaulagiri, pyramide de 8167m et dernier des 8000m népalais que je découvre. Peut-être le plus beau.
Ouverture du Festival Dhaulagiri...
Premier panorama sur le Dhaulagiri. |
Ici, autour de Muktinath, nous sommes au croisement de nombreux massifs : Annapurna à l'est, Dhaulagiri et Dolpo à l'ouest, Mustang au nord.
Le paysage est radicalement différent de celui de l'autre côté du col puisque, comme au Ladakh, nous sommes dans une zone transhimalayenne, c'est-à-dire non soumise à la mousson. On retrouve le désert d'altitude et les villages ont aussi beaucoup en commun avec leurs lointains voisins ladakhis.
Village du Mustang, sur fond de Dhaulagiri |
Peintures multicolores, typiques du Mustang... Dhaulagiri. |
Paysage de canyons typique du Mustang... Dhaulagiri |
Festival de formes |
Remorque et Dhaulagiri |
Champs... Et le Dhaulagiri |
Le village perché de Jhong... Et Dhaulagiri |
Vallée désertique vers Kagbeni, sans le Dhaulagiri. |
Deux jours passent, sans intérêt majeur, le temps de descendre, à pieds et en bus, la vallée de Kali Gandaki, jusqu'à 1100m.
Il reste deux jours de marche avant de retrouver la route de Pokhara ; ils nous amènent sur le célèbre belvédère de Poon Hill, donnant sur le sud des Annapurnas et le Dhaulagiri.
Retour des bananiers en montant vers Poon Hill |
Chaîne du Dhaulagiri |
A Poon Hill, devant le Dhaulagiri.
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Ce tour des Annapurnas s'achève en 10 jours, clôturant ainsi un automne himalayen classique mais d'une farouche beauté ! Je retourne à Katmandou pour une petite semaine de repos bien méritée.
Le programme de l'hiver sera plus exploratoire, bien que nettement plus bas en altitude. Demain, je pars dans l'extrême ouest du Népal (appelé Far West) pour une longue traversée de villages reculés, entre 1000 et 3500m. L'hiver est là, alors laissons l'altitude en paix...