Du 27 mars au 14 avril 2016.
La chaleur est maintenant bien installée, il est temps de retourner en haute montagne. Avec Charlotte, nous partons à deux pour une randonnée de 12 jours, dont 7 en autonomie, autour du Dhaulagiri.
Le massif est situé juste à l'ouest de celui des Annapurna que j'avais arpenté en décembre dernier. Le Dhaulagiri I, 8167m, est le 7e plus haut sommet du monde et à cause de sa proéminence exceptionnelle, on a cru jusqu'au milieu du XIXe siècle qu'il s'agissait du plus haut sommet du monde.
La randonnée traverse le col des Français, à 5300m, qui marque le point le plus bas entre le Dhaulagiri I et la ligne de crête des Dhaulagiri II, III et IV. Mais avant cela, il va falloir prendre de l'altitude car nous commençons notre marche à 1100m, dans le village de Darbang, bien au sud du massif.
Toutes les photos sont de Charlotte.
Après deux jours de bus, nous parvenons enfin à Darbang où un violent orage de fin d'après-midi vient mettre l'ambiance dès le premier jour... Mais pas de problème, nous sommes bien au sec dans notre minuscule chambre.
C'est bien la première fois depuis mon arrivée dans l'Himalaya que je vois un tel déluge...
Le lendemain matin, sous un beau soleil, la randonnée peut commencer... Et nous traversons, en cette première journée, les très beaux villages népalais, reculés à souhait, entourés de champs magnifiques. Comme une habitude maintenant.
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Village de Dharapani |
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Village de Sibang |
A Macchim, le soir et après la pluie de l'après-midi, nous découvrons au loin la chaîne du Dhaulagiri, qui brise enfin les nuages. L'ambiance est là.
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Les nuages laissent entre-apercevoir le Dhaulagiri |
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Derrière les nuages |
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Terrasses traditionnelles |
Le lendemain, nous partons pour Mudi, sous un ciel parfaitement limpide. Nous commençons à le pressentir mais ce sera notre lot quotidien : ciel parfait jusqu'en fin de matinée puis totalement couvert voir accompagné de précipitations dès la mi-journée.
J'avais plus ou moins entendu des rumeurs au sujet du micro-climat qui sévit autour du Dhaulagiri mais de là à avoir une différence si radicale avec le massif voisin des Annapurna, je reste scotché ! Rien à voir avec le temps si beau des sept derniers mois : nous n'aurons droit au soleil que les quelques premières heures du jour !
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L'itinéraire est tout tracé : au milieu, dans le "trou" de la chaîne du Dhaulagiri |
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Dhaulagiri II |
Nous arrivons au village de Mudi, sans doute le plus beau que nous traverserons. Un petit bijou.
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Mudi, 1720 m. Au fond, le Dgaulagiri II, 7715m. |
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Sentier à flanc, noir. |
Nous passerons ensuite deux jours dans une forêt qui, malgré quelques beaux passages, s'avèrera globalement passablement humide, brumeuse et ennuyeuse...
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Mousses traditionnelles |
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Quelques rhododendrons en fleur |
Et enfin, nous arrivons au camp des italiens, à 3660m, dans les nuages comme le veut la nouvelle tradition... En fin de journée, un ballet de nuages bienvenu nous dégagera néanmoins la vue sur les parois rocheuses des alentours.
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Les nuages partent enfin. |
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Un sommet dans le ciel. |
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La suite de l'itinéraire |
Nous nous acclimatons une journée à cette altitude avant de repartir le lendemain matin, pour le début de la haute montagne.
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Vers les glaciers... Le Mukut Himal, 6640m |
Nous arrivons au camp des japonais, à 4100m, pour une fois sous le soleil. La vallée est minérale à souhait et très sauvage, il n'y a quasiment plus de sentier. Je retrouve par instants, pour la première fois depuis l'été, une petite saveur d'Alaska.
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Cascade de glace ouest du Dhaulagiri |
L'étape suivante nous emmène jusqu'au camp de base du Dhaulagiri. Comme tous les jours, nous partons dès 6h du matin pour profiter au maximum du faible temps d'ensoleillement qui nous est offert ; ce qui nous permet de profiter des superbes lumières du petit jour.
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Reflet |
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Avalanche, belle comme un nuage |
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Des couleurs pour tous les sens |
Nous voici au camp de base du Dhaulagiri, 4600m. Dès notre arrivée, le temps se couvre totalement, nous laissant dans une ambiance assez incroyable de film en noir et blanc.
Sous le brouillard, il neige un peu, sans plus. Même à cette altitude et sous ce temps maussade, il ne fait plus vraiment froid au mois d'avril : un peu moins de 0°C. Nous passons l'après-midi sous la tente.
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Dhaulagiri du temps jadis |
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Le col des Français au loin. Pour demain. |
Nous arrivons néanmoins, lors de l'accalmie du soir, à faire chauffer nos pâtes, sous le auvent de la tente, pour s'abriter du vent.
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Cuisine exiguë. |
Une dernière photo, avant d'aller au lit : Charlotte pose devant le col des Français. Comme tous les soirs, le temps s'éclairci nettement.
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Charlotte et son bonnet rose devant le col des Français. |
Et comme de coutume, on se lève le lendemain sous un ciel bleu rayonnant. On a au moins cette garantie : tous les matins, c'est technicolor et cinemascope !
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Le Dhaulagiri II, au soleil levant. |
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Morceau de Dhaulagiri I |
C'est en montant au col des Français que la vue sur le Dhaulagiri I est la plus saisissante. Cette montagne est un vrai bijou : grande, massive, pyramidale, exigeante, belle sous tous ses versants.
La face que l'on voit ici a une hauteur de 3,5 km. Géant.
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Dhaulagiri I, 8167m |
Après quelques efforts, nous parvenons au col des Français, à 5360m, vers 11h, juste avant l'arrivée massive des nuages. Ce col marque la limite entre le versant du Dhaulagiri, aux vallées abruptes et encaissées, et la Vallée Cachée, aux formes douces, annonciatrice des massifs du Dolpo et du Mustang.
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Charlotte, au col des Français, devant les douces formes de la Vallée Cachée. |
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La Vallée Cachée depuis le col des Français |
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Sandachhe Himal, 6386m, depuis le col des Français |
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Toute l'équipe au col des Français, 5360m |
Nous avons à peine le temps de descendre dans la vallée et d'y installer notre tente en catastrophe qu'un vent violent se lève, suivi rapidement par de la neige, qui tombe cette fois assez fort tout l'après-midi.
Nous passons donc une nouvelle après-midi sous la tente, et nous réveillons le lendemain matin sous un paysage blanc, arctique, magnifique, mais un peu gênant pour la suite !
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Poudreuse légère dans la Vallée Cachée, à 5100m. |
Nous décidons de laisser passer une journée, pour que la neige se tasse et pour sécuriser notre dernière étape. Cela nous permet aussi de profiter tranquillement de la vallée et de se reposer après plusieurs journées à haute altitude avec nos gros sacs sur le dos.
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La vallée cachée, plus spitzbergienne qu'himalayenne aujourd'hui. |
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De la lumière plein les yeux ! |
Comme d'habitude, on passe l'après-midi sous la tente et on se réveille le lendemain, avec toutes les couleurs retrouvées.
Ce sera la dernière "vraie" étape de notre traversée, au cours de laquelle nous franchirons le col du Dhampus. Elle ne sera pas de tout repos.
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Vers le col du Dhampus |
Toujours dans cette ambiance hivernale, nous arrivons au col du Dhampus, 5200m, où se dévoile une vue exceptionnelle sur la chaîne voisine des Annapurna.
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Au col du Dhampus. A droite, l'Annapurna I, 8091m, de toute beauté. |
Pendant quelques heures, nous tracerons dans la neige, globalement à flanc de montagne, avec ce spectacle époustouflant devant les yeux. On restera néanmoins vigilant car il y a une certaine épaisseur de neige, le vent a soufflé fort et les pentes que l'on traverse sont un petit peu limites question nivologie.
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Complètement himalayen ! |
C'est certainement depuis ce col qu'Herzog et Lachenal, en 1950, initialement en route pour gravir le Dhaulagiri I, reconnaitront la voie d'accès de l'Annapurna I, qui deviendra ainsi le premier sommet de 8000m gravi.
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Annapurna. |
A mi-chemin, nous croisons des porteurs et guides d'une expédition en route pour l'ascension du Dhaulagiri. Cela nous épargnera la trace sur la fin de l'itinéraire. Pas dommage...
Puis subitement, à un changement de versant, la neige disparait, comme par magie. Nous surplombons l'aride vallée de la Kali Gandaki, avec le Mustang à notre gauche. Le micro-climat du Dhaulagiri est derrière nous.
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Changement radical de paysage. |
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Annapurna. |
Au campement de Yak Karka, nous rencontrons l'expédition qui part dans quelques jours défier le grand Dhaulagiri. Ils sont une vingtaine de militaires anglais dans les starting block.
Ils nous accueillent formidablement, nous laissant profiter du confort de leur tente mess. Nous aurons de belles discussions avec eux tous.
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A Yak Karka, l'expédition anglaise sous la protection des Annapurna. |
Et le lendemain, nous descendons tranquillement au village de Marpha, à 2700m, où nous retrouvons la chaleur.
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Marpha en vue. |
La vallée de la Kali Gandaki est une vallée bouddhiste dont les villages diffèrent radicalement de ceux visités au début de la randonnée, qui étaient à dominante hindoue.
Chez les bouddhistes dominent le gris, la pierre, les drapeaux, alors que chez les hindous, les villages sont beaucoup plus colorés et entourés de champs verdoyants.
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Marpha la belle |
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En pays bouddhiste, c'est certain. |
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Toits de Marpha |
La randonnée du Dhaulagiri est terminée mais nous profiterons des jours qu'il nous reste pour nous promener dans cette belle vallée que j'avais déjà explorée au mois de décembre.
Nous nous dirigeons vers le village de Jhong, à 3700m, qui se situe sous le Thorong La.
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Le grand et large Thorong La en toile de fond. |
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Jhong. |
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Jhong. |
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Drapeaux, hauts sommets enneigés, ciel azur, montagne minérale : le Népal ! |
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Jhong. |
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Le petit monastère de Jhong, partiellement détruit par le tremblement de terre d'avril 2015. |
Et comme un adieu, nous admirons encore, de loin, cet exceptionnel Dhaulagiri qui nous domine de ses 8167m... Avant qu'il ne disparaisse dans les nuages pour passer son après-midi tranquille !
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Dhaulagiri dans le rétro |
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Dhaulagiri dans le rétro, depuis Muktinath. |
Faute d'avion, le retour vers Pokhara s'effectuera en petit taxi, en compagnie de Brigitte et Johanna, deux ravissantes randonneuses allemandes avec qui nous partagerons de bons moments, à Pokhara puis à Katmandou !
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Notre chauffeur, moi-même, Brigitte et Johanna |
Cette randonnée autour du Dhaulagiri sera la dernière de mon année népalaise. Ce fut la plus sauvage, de loin, et celle où il fallait savoir se lever tôt. Merci Charlotte de m'y avoir accompagné !
La prochaine destination sera plus au nord, au Tibet, plus haute, 8013m si tout va bien. Vivement le beau temps... Et le Shishapangma qui nous attend !
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