Les températures baissent en cette fin décembre au Népal. Après ces derniers mois passés à haute altitude, je pars dans le Far West du pays pour y effectuer une traversée de Jumla à Darchula, dans les collines, au sud des grands massifs, a travers les villages népalais. Cette région est réputée comme la plus reculée du Népal. La traversée me prendra 3 semaines, pendant lesquelles je visiterai les deux petits parcs nationaux de l’ouest.
L'aventure commence par un petit vol intérieur entre Nepalganj, la grande ville de l’ouest népalais, et Jumla, qui sera le point de départ de la randonnée.
Le petit aéroport de Nepalganj |
La première journée se situe relativement haute, entre 2300m (Jumla) et 3600m au passage du premier col...
Du col, la vue se dégage sur les hautes montagnes du Dolpo, au loin.
Quelques heures après Jumla, je traverse mon premier hameau. Superbe, comme les dizaines qui suivront.
Ce premier soir, je suis accueilli par une famille de Nauri Ghat qui m'offre l’hospitalité dans une grange !
Sur la route, quelques enfants cuisiniers...
A Jhyari, pour mon deuxième soir, je découvre un village plein de vie avec ces premiers escaliers sculptés si typiques de la région de Jumla.
Après Jhyari, je gagne de la hauteur pour pénétrer sur le plateau du Parc National de Rara, à 3000m, le plus petit parc national du Népal qui protège le lac de Rara, le plus grand lac du pays. Rien de gigantesque d’ailleurs pour ce lac, dont le tour fait environ 20km. Il est étonnant qu'un pays aussi montagneux que le Népal ne comporte pas de plus grand lac !
Entouré de forets et de monts et des hautes montagnes du Dolpo au loin, le lac Rara est un petit bijou, rappelant, selon l’heure du jour, la Scandinavie ou bien la Provence...
En ce bel après-midi, je me promène autour du lac. Il est très agréable, dans cet Himalaya si loin des océans, de profiter de la douceur d'une grande étendue d’eau.
Le lendemain, je vais au sommet surplombant le village de Murma pour contempler le lac et les montagnes environnantes.
Depuis le sommet de Murma, on voit au loin les pics enneiges des très sauvages monts Saipal (7031m), l'une des deux chaînes de haute montagne du Far West.
De l’autre coté, la vue est sublime sur le lac Rara.
Il fait froid les soirs et la nuit a 3000m (-8°C sous la tente)... Je redescends dans les vallées plus chaudes et confortables.
Phénomène inconnu dans les Alpes, au-dessus de 2500m, les chemins à l’ombre dans les forets sont littéralement verglacés ! En effet, il fait froid et il ne neige quasiment jamais en hiver d’où ce résultat assez atypique. Chez nous, tout cela serait recouvert de neige....
Les villages reviennent...
On retrouve les rizières, les champs, les bananiers...
Les villages se succèdent.
Un village, superbe, au milieu de ses champs.
J’arrive a Ratapani, où je passerai deux jours, sous une chaleur appréciable. En-dessous de 1500m, il fait bon vivre ici en hiver. Au-dessus, mieux vaut avoir une bonne couette.
Les hôtes du petit hôtel de Ratapani sont formidables. Nous y célébrons Noël avec un Dal Bhat amélioré, au poulet.
La nourriture est peu variée au Népal, et d’autant plus dans cette région. Comme il n’y a aucun accès routier, on n’y peut manger que ce qui est cultivé sur place, à savoir riz, lentilles, chou, un peu de pommes de terre, bananes, oranges, un peu de poulet, parfois du lait. Rien d'autre. TOUS les repas sont les mêmes : Dal Bhat (Lentilles, riz). Pendant trois semaines, c’est un petit peu long...
Je profite de ma journée ici pour faire une belle promenade dans les villages au-dessus de Ratapani.
Nous sommes en pleine saison sèche, le ciel devient de jour en jour de plus poussiéreux. Il faudrait un petit nettoyage, mais ce n’est pas vraiment au programme !
Ici les glaciers sont verts : ces champs (riz ou mais selon la saison) s'étendent sur des kilomètres dans les fonds de vallée.
La dame de l'hôtel, à droite, ainsi qu'une infirmière du village, à gauche, qui réside à l’hôtel de manière permanente, sont aux petits soins avec leur petit touriste.
L’immense majorité des villageois ne parle pas anglais, mais dans beaucoup d’endroits, je rencontre souvent l’équipe d’enseignants, l’équipe médicale ou des officiers du gouvernement, qui viennent généralement des plus grandes villes aux alentours pour leur mission dans les villages et avec qui il est plus simple pour échanger.
Je continue ma descente en direction de la vallée de la Karnali, la plus longue rivière du Népal.
Je suis ici à 1000m d’altitude, il fait chaud, c’est fort plaisant !
Le paysage est étonnamment aride, c’est superbe.
Contrairement à bien des croyances, le Népal est hindou a 90%. Seule la haute montagne est bouddhiste. On croise sur le chemin d’innombrables temples hindous.
Un dernier regard vers la vallée de la Karnali avant de monter vers la petite ville de Kolti.
A Kolti, nous regardons le match de football Inde-Nepal dans le cadre de la SAAF Cup, qui regroupe 8 pays du sud Himalaya. L’Inde gagne 4 à 1.
J’aurais bien aimer voir le derby des montagnes Népal-Bouthan (match au sommet !), mais il était déjà passé.
Sur le chemin qui relie Kolti et Martadi.
Les chemins que j’emprunte sont généralement assez fréquentés puisqu'ils relient tout ce réseau de villages. De même, on trouve dans la plupart de ces villages des petits hôtels (souvent le grenier des maisons) qui accueillent tous ces népalais en transit pédestre.
A de rares exceptions près, je suis loin du réseau routier, c’est pour cela que la marche a tant d’importance ici. En revanche, la majorité des villages a l'électricité permettant d’alimenter quelques ampoules par maison.
Il y a d’innombrables petites échoppes pour boire le thé ou manger quelque chose sur les routes.
J’arrive finalement à Martadi, la capitale du district du Bajura et la plus grande ville que je traverserai.
Je rencontre dans cette très agréable ville des ingénieurs d'une ONG népalaise en mission ici. Nous passerons deux jours ensemble, ponctués de d’excellents échanges.
A Aartichaur, village de tôles, ou je passerai la nuit du nouvel an, bien malade à cause du poulet peu frais mangé à Martadi... Trois jours suivront, loin du meilleur de ma forme...
En attendant que ça aille mieux, je passe deux jours a Dogadi, splendide village, pour récupérer, et sans quasiment rien manger pendant 3 jours !! Vive 2016 !!
Ça va un peu mieux, je pars en direction du Parc National de Khaptad, un plateau sauvage a 3000m.
En arrivant sur le plateau, les lointains massifs de Saipal (7031m) et Api (7132m) se dévoilent.
Sur un espace pelé du parc, la belle vue sur Saipal.
Au cœur du parc, d’exemplaires espaces ouverts s’offrent a nous. Tout cela a un air de Causse Méjean, dans le Massif Central. C'est sublime de sérénité.
Les vues sur Saipal et Api sont superbes depuis le plateau.
Et comme après la visite du lac Rara, la descente dans la vallée permet de retrouver la douceur des villages et la chaleur du soleil.
J’arrive dans le beau village de Pipalkot, où la population m’accueille de belle manière. Nous passons une belle soirée.
Il me reste alors encore deux cols à franchir avant mon arrivée à Darchula, tous deux à 2000m environ. Les journées de marche sont toujours longues (de 7 a 8h), avec leur col journalier (1000m de dénivelé en général). C’est éreintant de randonner dans ces basses montagnes !!
Dans cette région (et dans une large part du Népal), la ruralité prime largement, même si les villages sont très nombreux. La plupart des habitants sont fermiers et produisent leur propre nourriture dans les champs qui environnent leur maison.
A Sela, je reçois une fois de plus un accueil exemplaire.
Je passe mon dernier col l'avant-dernier jour. Les nuages sont présents sur les monts Api. Il y aura une bonne averse ce soir là, pour la première fois de l’hiver.
Le lendemain, après 21 jours de marche, j’arrive à Darchula, à la frontière indienne. J’aurai franchi une bonne quinzaine de cols, mangé beaucoup (trop) de dal bhat et croisé aucun touriste : une belle aventure, personnelle, vécue à travers des paysages somptueux, des villages admirables, deux beaux parcs et des habitants toujours accueillants et sympathiques ; mais une belle aventure qui se mérite néanmoins, car le terrain difficile, le très faible confort, l’hygiène aléatoire, la nourriture, le choc culturel et la difficulté quasi systématique de communiquer la rendent aussi compliquée sur la durée.
Un moment très fort de l’année.
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